[Georges Conchon, écrivain et scénariste]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTP1204 03
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historique Au cinéma, on lui doit nombre de scénarios. Notamment "L'Etat de siège", adapté d'un roman récompensé par le Goncourt, en 1964. En 1987, Georges Conchon ne veut plus faire de cinéma. La littérature d'abord. Il y peu, il présentait à Lyon son dernier livre : "Colette Stern", publié chez Gallimard.
historique Dans le train qui le ramène de Clermont-Ferrand vers Paris, Francis Hémon, star dont la carrière bat de l'aile, rencontre Colette Stern, une veuve sur le retour et d'un charme fou. Il joue les vedettes, elle s'en contre fiche. Sa curiosité piquée, l'homme se prend à un jeu qui lui révèlera que la "star" des deux n'est peut-être pas celle qu'on pense. Et nous voilà partis pour une romance un peu bébête entre un grand jeune homme de trente-sept ans et une Mamie de charme puisqu'à soixante deux ans, son bon état de conservation fait qu'on lui en accorde facilement quinze de moins. Mais qu'a-t-elle donc de si fascinant cette Colette Stern outre toutes les perfections du monde, un cousinage avec Valery Larbaud et un mari dont le souvenir pieux fait toujours frissonner une cour de fidèles ? Georges Conchon lui-même n'en sait rien qui parle de ce personnage comme on le ferait d'un visiteur insistant. "Au départ, il n'y avait qu'Hémon, inspiré de quelques exemples que j'avais sous les yeux (si on pense à Depardieu, on n'a pas tout à fait tort, semble-t-il...). De ces gens que la stratification transforme. (On sent que Conchon voudrait dire "abîme"...). Et puis, Colette Stern est arrivée sans prévenir. Je ne la connaissais pas. J'ai été séduit. Elle débarquait avec des volontés affirmées. Si affirmées que dès que ma plume voulait lui faire faire ou dire quelque chose qui ne lui convenait pas, l'écriture dérapait, sonnait faux. J'ai donc dû me soumettre à cette tyrannie du personnage qui vous mène où il veut..." Pirouette habile que celle du personnage tout puissant qui dicte à son créateur ses actes et son destin. Cela dispense ce dernier de toute explication de structure ou de psychologie, sous la fallacieuse excuse du "C'est pas moi, c'est lui." C'est elle en l'occurrence, elle qui a médité sa fuite et sa disparition à la fin du livre. Georges Conchon en est resté tout penaud. Il avait bien encore quelques chapitres sous le coude... Tout de même heureux qu'il ait eu le temps et la place pour quelques détails autobiographiques qui l'amusent : comme évoquer Clermont, la ville de son adolescence, et le passage par le bon ou le mauvais côté de l'église... Non contente d'avoir dirigé la fiction, Colette Stern, a paraît-il fait des ravages une fois le roman bouclé. Voilà ce que c'est que de faire un livre qui se lit comme un découpage de film. "La Colette Sternite aiguë en a atteint plus d'une", raconte Georges Conchon, très amusé. "J'ai eu des coups de téléphone d'actrices pour me dire combien c'était un beau rôle... bien qu'elles soient encore trop jeune pour le tenir... Même Sapritch m'a appelé... Et Carmet, un de mes meilleurs amis, qui trouve que ce serait un film formidable. Je le soupçonnerais presque de vouloir jouer Colette, après Miss Mona ! Mais, je ne veux plus m'occuper de cinéma. Si jamais le film se fait, ce sera sans doute aux Etats-Unis, et je n'aurai pas à me prononcer sur la distribution." On le sent soulagé. "Je ne veux plus faire de films. A mon âge, la mort n'est pas très loin. Je voudrais bien écrire encore trois ou quatre romans." Et quand on sait qu'il lui faut deux à trois ans pour un ouvrage... Avec ce onzième roman, le premier depuis qu'il est chez Gallimard, Georges Conchon change. Sur le fond, il s'attendrit. Sur la forme, il épure. De plus en plus, il sent que l'écriture vient avant l'anecdote, qu'elle est la substance même du roman. Il l'aime dégraissée jusqu'à la sécheresse. Faire des scénarios lui a d'ailleurs appris la concision. Ses admirations stylistiques ? Jules Renard, John Updike. "Pour raconter une histoire aussi cucul que ça, il fallait une écriture minimum." Une écriture fuyant le lyrisme et l'artifice pour viser le naturel. A notre goût (littéraire), le "minimum" de Colette Stern n'est tout de même pas suffisant pour constituer une écriture. Accordons au ton une vivacité et une rapidité alertes, souvent journalistique, le bon usage de l'ellipse, mais pourquoi alourdir inutilement de lieux communs ou de platitudes certains passages ? Le romancier a choisi de travailler en surface ses personnages, de les traiter en silhouettes. Pas d'arrière plan social, pas de profondeur psychologique, pas de description qui ouvrent le champ. C'est un parti pris. Mais l'écriture minimum dont parle Conchon flirtant parfois avec le degré zéro du style, la légèreté voulue du propos tourne à.la vacuité. Colette Stern se lit vite, très vite et très facilement avec un petit intérêt pour des personnages que l'ironie et l'humour de leur auteur fait échapper au roman de gare, mais, au bout du compte, sans grand profit littéraire. Source : "Colette Stern" / Nelly Gabriel in Lyon Figaro, 27 novembre 1987, p.51.
note bibliographique Colette Stern / Georges Conchon, 1987 [BM Lyon, K 103669]. - Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Conchon (consulté le 31-07-2019).

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